Mercredi 10 Septembre 2008

Adrien Hardy (C.A. Chalon) 5e auX J.O. de Pékin

Après son échec à Pékin, Adrien Hardy n'a qu'une idée en tête : se servir de ce revers pour remonter la pente. Le Chalonnais est cependant conscient qu'il lui faudra du temps pour oublier ce maudit 16 août 2008.

Trois semaines après, il ne comprend toujours pas comment le vent a pu tourner aussi vite. Comment lui et Jean-Baptiste Macquet, son fidèle lieutenant, ont-ils pu sombrer en finale après avoir été si séduisants en demie.

L'incompréhension demeure et cela le ronge. Le mot n'est pas trop faible. Oui, Adrien Hardy a été touché au cœur. « L'analyse est simple et cruelle : on passe à côté alors qu'on avait été impeccable jusque-là. Pourquoi ? C'est difficile à dire. » Pourtant, avec davantage de recul, le champion olympique 2004 avance quelques explications.

« J'ai très très mal géré cette dernière journée. Avec trois jours entre la demi-finale et la finale on a trop eu le temps de se faire la course. Ça m'a scié les pattes. Dans la préparation à la finale, je sentais que ça allait être compliqué. Je n'étais pas comme d'habitude. »

Quand il dit « pas comme d'habitude » comprenez que la force mentale qui le caractérise s'était envolée. A sa plus grande surprise d'ailleurs, le stress et la pression venait donc de le rattraper. Il l'avouera au fil de l'entretien, l'attente était trop forte autour de lui. « Tout ça m'a un peu rattrapé alors que d'ordinaire j'arrive à en faire abstraction. J'ai trop cogité. »

Il y avait de quoi finalement puisqu'avec un deuxième titre olympique d'affilée, et deux couronnes mondiales, Hardy serait devenu un des monuments du sport français.

« Sur cette semaine-là, on était incroyablement fort. C'était exceptionnel. Je pouvais donc imaginer n'importe quoi mais pas qu'on passe à côté. On était les plus forts, j'en suis persuadé commente-t-il avec cette frustration qui se lit dans ses yeux embués. Je suis certain que si on refait la course vingt fois, on la gagne dix-huit fois, on finit une fois deuxième et une fois cinquième. »

Actuellement, l'homme est donc partagé entre cette envie de comprendre et ce besoin de repartir de l'avant.

 Non, il ne renoncera pas, bien au contraire ;

Mais il ne veut pas effacer de sa mémoire ce terrible échec chinois du 16 aôut 2008, jour où il a perdu son titre olympique du deux de couple. « Aujourd'hui, je ne le gère pas. Je ne digère pas et je l'ai toujours en travers. Je dors bien mais il ne faut pas que je me réveille la nuit. Mais la frustration ça va aller un moment » dit-il dans un cri de révolte.

A peine débarqué de l'avion qui le ramenait de Chine, Hardy s'est donc remis au travail pour oublier et préparer les championnats d'Europe d'Athènes le 21 septembre. Une compétition qu'il n'a paradoxalement jamais disputée mais qui lui servira de thérapie.

Fait rarissime, le Nîmois de naissance s'alignera dans le huit français en compagnie notamment de Macquet. « C'est un projet sympa à faire, ça change du tout au tout et on a un joli potentiel » explique-t-il avec l'espoir de retrouver en Grèce quelques instants de réjouissance. Mais d'ici là, Adrien Hardy continuera de s'entraîner en se servant de cette frustration pour repartir de l'avant.

L'homme n'a vraiment pas, mais alors pas du tout, l'intention de renoncer et de se laisser définitivement abattre. « Je veux démontrer à tous qu'on est bien meilleurs que ça. Et je n'ai vraiment pas envie de finir là-dessus. Les Mondiaux de Poznan l'an prochain seront une première reconstruction. »

Les Jeux de Londres restent en revanche une énigme car Hardy aura alors 34 ans. Mais il n'exclut rien. Sauf l'idée de revivre une telle secousse.

Richard Montavon

Le Journal de Saône et Loire